Tensions politiques en Tunisie : des impacts négatifs sur le tourisme

Le récent assassinat de Chokri Belaïd a basculé la Tunisie dans l’instabilité politique. Les impacts sur le secteur touristique pourraient être catastrophiques.

Inquiétude des prévisionnistes

Le tourisme constitue un des piliers de l’économie tunisienne qui éprouvait déjà d’énormes difficultés à se redresser après la révolution arabe et l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis. A la suite de ces évènements, les touristes ont en effet boudé cette destination. Les tensions politiques deviennent de plus en plus vives après l’assassinat de cet opposant. Les prévisionnistes s’inquiètent des impacts négatifs de cette conjoncture sur le secteur.

Ce segment de l’économie représente en effet 7% du PIB de la Tunisie. Il emploie 400.000 personnes. Les recettes s’élevaient à 1,52 milliard d’euros en 2012, soit un rebondissement de 30% par rapport à l’année précédente, mais elles restent encore inférieures de 10% comparés aux chiffres réalisés en 2010, avant les fâcheux évènements. Les responsables de l’Office national du tourisme du pays espéraient revenir au niveau de 2010 pour cette année 2013.

Des assises pour redynamiser le secteur

Pour redynamiser le secteur, les premières assises du tourisme vont se tenir le 19 février prochain à Tunis. Les participants fixeront la stratégie de développement de cette branche de l’économie sur le moyen terme, l’objectif étant d’accueillir 10 millions de touristes par an à partir de 2016. Les recettes générées par ce flux de visiteurs sont estimées à 4,5 milliards d’euros annuels. Les perspectives se sont toutefois assombries après le dernier évènement. Pour la troisième année consécutive, les Français pourraient boycotter la Tunisie qui était auparavant une de leurs destinations privilégiées.

La Tunisie offre en effet un excellent rapport qualité/prix que les touristes français ne peuvent retrouver nulle part ailleurs. Un séjour d’une semaine tout compris ne leur revient qu’à 400 euros. Toutefois, ils sont effrayés par l’instabilité politique qui règne dans ce pays et préfèrent la sécurité, quitte à payer plus cher. Ainsi, ils se détournent des stations balnéaires tunisiennes et optent pour les plages grecques, espagnoles ou italiennes. Au cours de l’année 2012, les tours opérateurs de l’Hexagone ont enregistré une chute de 45% de leurs ventes de voyages vers la Tunisie. Par contre, cette destination attire un nombre croissant de touristes en provenance de la Belgique, de l’Ukraine et de la Russie.