Le carry trade

Le carry trade est l’activité en vogue chez les spéculateurs et les investisseurs. Le carry trade peut être très rémunérateur mais reste très risqué.

Le carry trade ou le jeu sur les différentiels des taux d’intérêt

Le principe du carry trade est tout simple : emprunter des fonds dans une monnaie ayant un taux d’intérêt très bas, et placer ces fonds après conversion dans une seconde monnaie à haut intérêt. Activité pratiquée aussi bien par le secteur privé, entreprises, investisseurs privés que par les grandes institutions, sociétés de hedge funds, Etat,…. Ici donc, l’investisseur joue sur les différentiels des taux d’intérêt des deux monnaies. La première monnaie, celle dont on a effectué un emprunt, est appelée la monnaie de financement ou la devise de funding. La seconde est appelée la monnaie cible ou la devise de carry. Et l’investisseur a tout intérêt à ce que la monnaie cible ne déprécie pas par rapport à la première monnaie. Si celle-ci déprécie, les gains sur les différentiels des taux d’intérêt sont perdus. Et plus la monnaie de financement est échangée contre d’autres devises, plus elle perd de la valeur.

Le carry trade, un inversement des rôles

Les fonds en devise de funding, après avoir été convertis en devise de carry, servent à l’achat d’actifs à haut rendement, comme des obligations high yield. Traditionnellement, dans la catégorie devises de funding, on trouve le yen japonais. Dans les années 1990, le taux d’intérêt de la BoJ, la Banque Centrale du Japon, était très bas, aux alentours de 0,5 %. Ce faible taux d’intérêt était dû à la stagnation de l’économie japonaise de l’époque. Parmi les devises de carry, on note le dollar US au taux directeur de 5,25 % en juin 2007, le livre sterling ou encore l’Euro. Cependant, avec l’apparition de la crise des subprimes dés l’été 2007, les rôles se sont inversés : le dollar américain s’est effondré, avec les autres devises fortes aussi, et ne représentait plus une devise de carry. Mais avant cette crise, après l’arrivée à maturation des actifs américains à haut rendement, les investisseurs utilisaient les gains en dollar obtenus, pour acheter du yen servant à rembourser leur emprunt initial en yens.

Le débouclage des carry trade

Mais durant la bulle immobilière provoquée par la crise des subprimes, qui a réellement éclaté en automne 2008, le yen a commencé à s’apprécier : un peu moins de 6 % fin 2008. Et c’est là tout le risque du carry trade ; les gains résultant du différentiel des taux d’intérêt n’arrivent plus à couvrir l’appréciation du yen. Ce qui a provoqué le débouclage de plusieurs positions spéculatives : c’est le débouclage des carry trade. Les investisseurs cherchent à acheter plus de devises nippones ; ce qui contribue fortement à l’appréciation de cette dernière. Et actuellement, les nouvelles devises de carry sont constituées des monnaies provenant de pays émergents : Nouvelle-Zélande, Turquie, Afrique du Sud,…