Alternative à la carte bancaire pour la grande distribution : les banques se défendent

Début décembre 2010, les professionnels de la grande distribution veulent mettre fin à l’utilisation des cartes bancaires, et adopter un système analogue au SEPA. Les banques contestent.

L’alternative à la carte bancaire trouve sa source dans le SEPA

Le SEPA ou Single Euro Payments Area, est un système de paiement unifié en zone euro. Il a été mis en place par les banques membres du Conseil européen des Paiements. Le SEPA vise à faciliter les paiements entre les pays européens, membres ou non de l’Union Européenne. Ainsi au sein de la zone SEPA, les paiements inter-pays s’effectuent avec la même rapidité et la même sécurité qu’un paiement domestique. Le système SEPA contribue ainsi au bon fonctionnement du système monétaire européen et de l’euro en général. Le SEPA Credit Transfer quant à lui, consiste à transférer des fonds entre deux clients par téléphone.

Le SEPA Credit Transfer ne nécessite pas non plus un passage via les banques des deux parties, et s’effectue sans aucune contrainte de temps ni de sécurité.
L’application effective du système SEPA était prévue pour 2012, dans les pays appartenant à la zone concernée. Ce qui laisse une période de transition de quelques années aux pays membres pour basculer vers ce nouveau mode de paiement. Concrètement le SEPA Credit Transfer permettra de réaliser une économie de 40 milliards d’euros par an. Ceci étant dû à l’effacement des différentes commissions et frais bancaires, pour faire place à un virement en moins de 24 heures. Les plus grands perdants de ce système seraient bien sûr les banques.

Alternative à la carte bancaire : la grande distribution et les banques en conflit

Début décembre de cette année, les professionnels de la grande distribution veulent adopter un système similaire au SEPA pour les paiements effectués par leurs clients. En d’autres termes, les distributeurs veulent mettre fin à l’utilisation des cartes bancaires. Et le plus étonnant : cette proposition fait suite à l’obtention de gain de cause des distributeurs auprès des parlements, pour la suppression des commissions sur les paiements par carte bancaire. Ainsi, les distributeurs repassent à l’offensive, en s’attaquant donc cette fois-ci aux commissions bancaires relatives au traitement des opérations par carte. Le président de la Fédération du commerce et de la distribution, Jérôme Bédier affirme que les virements se feront par téléphone, avec un traitement en temps réel.

Ce nouveau mode de paiement proposé permettrait d’économiser 1,3 milliard d’euros par an en commissions bancaires. " Cette somme sera réinjectée dans l’économie " précise Jérôme Bédier. Et la mise en place d’un tel système " ne coûterait que 100 millions d’euros ", en comparaison à la valeur phénoménale de ce qu’on peut en économiser. La réaction des banquiers ne s’est pas fait attendre. Les banques posent comme arguments qu’un tel système n’offrirait aucune garantie de paiement. Ils ajoutent en outre qu’il n’y aurait aucune infrastructure pouvant assurer un traitement en temps réel de nos jours. Ainsi il est sûr que les banques ne vont pas se laisser faire, et que la bataille entre les deux parties sera rude dans les prochains mois.