L’appréciation du yen pénalise les exportations japonaises

Après la dévaluation du yuan chinois, voici l’appréciation du yen. Cette appréciation du yen n’est pas sans conséquence sur les exportations japonaises.

Le yen, une appréciation fortement liée au dollar

Depuis une quinzaine d’années, le yen s’appréciait par rapport au dollar. Ceci étant dû à la grande dépendance de l’économie nippone à l’économie américaine. Et ces dernières années, le dollar US est en constante dépréciation par rapport aux autres devises ; les efforts de la Fed, la Banque Centrale américaine, pour faire baisser le taux d’intérêt directeur, parfois proche de zéro, n’y apportent rien. La pratique du carry trade a contribué aussi à la dépréciation de la monnaie américaine : en juillet 2007, suite à un dollar US faible, bon nombre de capitaux japonais sont partis vers les Etats-Unis, sous la forme d’achats d’obligations de sociétés. D’un point de vue macroéconomique, la différence dans les CSU, ou Coûts Salariaux Unitaires, au Japon et aux Etats-Unis expliquent aussi l’appréciation du yen : plus les CSU sont au plus bas, plus la monnaie du pays se réévalue.

Les CSU aux Etats-Unis se sont accrus de 5 % depuis les années 1980 ; ceux du Japon eux, ont reculé de 43 % pour le secteur industriel-. Fin 2008, la crise de subprime aux Etats-Unis n’arrange en rien la valeur du billet vert, par rapport à l’euro notamment ; et ce, malgré la faible croissance de la zone euro par rapport à l’économie américaine. Depuis 2008, le yen s’est apprécié de 43 % par rapport au dollar. Et rien que pour le début de l’année 2010, la monnaie japonaise s’appréciait encore de 8 % par rapport à celui-ci. Pour certains analystes, cette situation a des risques de perdurer. L’intervention de la FED en 2008 pour essayer d’enrayer la baisse du dollar, en baissant son taux d’intérêt, n’a fait que chuter la détention des actifs en dollar.

Le yen, conséquences désastreuses sur l’exportation nippone

En 2008, on était dans l’incertitude concernant les effets de la crise des subprimes américains ; et les analystes financiers prévoyaient encore à l’époque la persistance du débouclage des carries trade, qui maintiendrait l’appréciation du yen. Actuellement, le dollar s’est un peu redressé, provoquant derrière, une légère hausse du prix du pétrole. Mais la situation du yen n’évolue toujours pas : la parité JPY/USD reste aux alentours de 81-85 yens fin septembre 2010, se rapprochant de son niveau historique de 1995. Et l’impact de l’appréciation de la monnaie provoque une déflation sérieuse au Japon : une appréciation de 10 % du yen par rapport au dollar réduit la croissance japonaise de 0,3 %. Ce qui provoque la hausse des prix des produits japonais, piégeant du coup la compétitivité de ces derniers.

Pour une économie tournée vers l’exportation et fort dépendante de l’extérieur, ce n’est pas vraiment le scénario idéal. Face à cette situation, le gouvernement japonais a réagi. Réaction vigoureuse du gouvernement, illustrée par les paroles du ministre des Finances Yoshihiko Noda, qualifiant cette déflation d’ " intolérable ".Le 15 septembre 2010, l’Etat nippon a mis en vente près de 300 milliards de yens, soit environ 2,8 milliards d’euros, une grande partie contre des dollars, sur le marché des changes. Cette situation s’est déjà produite en 2004. Et selon la BoJ, la Banque Centrale nippone, 30.000 milliards devraient être injectés pour faire baisser le cours du yen. Mais selon les analystes, la réaction du BoJ n’est pas parfaite car elle n’était pas accompagnée d’une concertation avec les autres Banques Centrales.