Bonus des traders : l’Europe prévoit un plafonnement

La Commission européenne, le Conseil ainsi que le Parlement sont parvenus au terme d’âpres négociations, à un projet d’accord qui va marquer l’histoire de l’univers financier. Ce texte porte en effet sur un plafonnement des bonus des traders.

Une grande première dans le monde entier

Le projet d’accord vise à limiter les bonus versés aux banquiers. Il prévoit une interdiction aux établissements financiers d’octroyer à leurs équipes, notamment aux traders, une rémunération variable dont le montant est supérieur au salaire fixe. Dans le jargon du métier, il s’agit de la règle du 1 pour 1. Néanmoins, si les actionnaires de l’institution l’autorisent, les bonus peuvent représenter le double des émoluments fixes. Dans ce cas, la banque applique le régime du 2 pour 1.

S’il obtient l’aval des Etats membres de l’Union européenne, ce plafonnement des bonus des traders serait une grande première dans l’univers de la finance. Le dispositif n’aurait aucun équivalent dans le monde entier. Les plus importantes banques, comme Deutsche Bank, Goldman Sachs et Barclays, ont pris l’habitude de verser à certains opérateurs des bonus variables dont les montants représentent souvent plusieurs multiples de leurs rémunérations fixes.

Pour éviter les prises de risque irraisonnées

Le Parlement européen estime que ces bonus variables qui atteignent parfois des niveaux excessifs sont à l’origine de prises de risque irraisonnées constatées au niveau de nombreux établissements. Ce contexte a provoqué la colère de l’opinion publique, notamment depuis l’avènement de la crise financière. Une révision des conditions de rémunération des opérateurs s’avère alors incontournable. L’Europe a déjà instauré un dispositif qui encadre le paiement des bonus des traders en 2010. Toutefois, cette mesure relative à un étalement des versements sur 5 années et une possibilité offerte aux banques de conserver le bonus en cas de perte sur une opération s’est révélée inefficace.

Les scandales n’ont cessé de se multiplier, pour ne citer que les 6 milliards de dollars de perte enregistrée par l’établissement JP Morgan lors des opérations réalisées par certains traders. Ces fâcheuses conjonctures ont incité les parlementaires à adopter une ligne dure, ralliant ainsi l’opinion de certains gouvernements, dont ceux de l’Allemagne et de la France. De son côté, le Royaume-Uni souhaite préserver les intérêts de sa place financière, la City, oppose une ferme résistance à l’application d’un plafonnement des bonus des traders.