Emission d’emprunts sur 10 ans à taux négatif : une première en Suisse

Le mercredi 8 avril 2015, la Suisse a émis un emprunt sur 10 ans d’un montant total de 232,5 millions de francs suisses, soit 222,8 millions d’euros à un coût de 116% et à un taux d’intérêt de 1,50%. Le rendement est donc négatif (-0,055%).

Une opportunité pour les investisseurs

Ces emprunts à taux négatifs pour un si long terme constituent une grande première dans l’histoire du pays helvète. Certains spécialistes du secteur financier affirment même que c’est une première mondiale. D’autres ont déclaré que la Suisse figure parmi les pays qui émettent des emprunts obligataires aux taux les plus bas. Cependant, cette émission a suscité l’intérêt de bon nombre d’investisseurs qui ont accepté de payer. Pour eux, il s’agit d’une opportunité pour convertir leur capital en francs suisses. En contrepartie, ils ont l’assurance d’avoir placé leur argent dans un pays réputé pour sa sécurité.

Un prix à payer

L’émission d’obligations à taux négatif est déjà une pratique assez courante en Suisse depuis 2011, mais jusqu’ici, les titres étaient à court terme. L’emprunt à long terme lancé le 8 avril dernier a suscité l’engouement des banques qui voulaient souscrire pour 410,5 millions de francs suisses, alors que les émissions obligataires ne s’élevaient au total qu’à 232,5 millions de CHF. Cet intérêt s’explique par le fait que la Confédération helvétique et le franc suisse sont réputés être des valeurs refuges. Les investisseurs avertis n’hésitent donc pas à s’engager pour pouvoir placer leurs fonds. Ils estiment qu’il y a un prix à payer pour assurer la sécurité de leur placement.

Une offre faible par rapport à la demande

Plusieurs pays européens jugés être " sûrs " par les investisseurs, comme le Danemark, l’Allemagne, la Finlande et les Pays-Bas, ont déjà émis des titres obligataires à taux négatifs, mais à moyen terme. Le 25 février 2015, l’Allemagne a émis, pour la première fois également, des obligations sur 5 ans à taux négatif. Ce pays a alors emprunté 3,28 milliards d’euros à -0,08% pour une échéance prévue en avril 2020. Ce type de produit est très plébiscité par les investisseurs, car le nombre de pays à grande solvabilité ne cesse de se restreindre. Comme l’offre est faible par rapport à la demande, ceux qui souhaitent placer leur capital dans un système sécurisé acceptent au final de percevoir à l’échéance une somme inférieure au montant qu’ils ont initialement investi.