Chute du prix du lait : les éleveurs continuent leur grève.

Depuis l’appel à la grève du 10 septembre, les manifestations continuent à s’amplifier. Elles gagnent la plupart des pays de l’Europe à savoir la France, la Suisse, l’Italie… Elles traduisent le mécontentement des éleveurs face à la chute vertigineuse du prix du litre de lait.

Les producteurs de lait se manifestent.

Dernièrement à Paris, quelques 20.000 personnes ont pu remplir à ras bord leurs bouteilles, leurs sceaux, leurs canettes, leurs jerricanes de lait frais. Pour continuer à exprimer leur désarroi, les éleveurs ont décidé de distribuer gratuitement le lait qu’ils ont produit. Ainsi, un camion citerne d’une capacité de 22.000 litres a été dépêché à Paris afin de donner aux parisiens le lait cru qu’ils viennent de collecter dans les fermes de la Manche. Le Secours Populaire et la Confédération Paysanne étaient à l’initiative de cette distribution. Selon eux, faire don du lait est beaucoup mieux que de recourir à l’épandage perpétré par certains producteurs.

Parti de la France, le mouvement a rallié d’autres pays de l’Europe. A Bruxelles, des agriculteurs membre de la Confédération Européenne des Producteurs Laitiers (EMB) ont manifesté devant les bâtiments de la commission Européenne. Ils ont créé un lac artificiel de lait avec une bâche, des bottes de paille et des milliers de litres de lait. Ils on fait remarquer que la quantité de lait qui sera déversée dans toute l’Europe avoisinera les 40 millions de litres par jour. La Suisse et les Pays-Bas ont aussi suivi les actions d’épandage. La fédération unie de groupements d’éleveurs et d’agriculteurs (FUGEA) estimait que près de 2 millions de litres furent également déversés le lundi 21 septembre dernier en Belgique. Quant aux producteurs d’Italie, ils ont commencé à ne plus livrer leur production aux industriels.

Les raisons de la crise du lait et les solutions proposées.

Même si le prix du litre du lait a connu une forte hausse en 2007 – 2008, les chiffres montrent plutôt le contraire ces derniers temps. Dans certains pays de l’Union Européenne, le coût du litre a chuté jusqu’à 50%. En l’occurrence, la demande s’offre du lait à 24,7 centimes le litre en moyenne contre 35,5 auparavant. Cette chute incommensurable est principalement due à la surproduction estiment les producteurs. La Confédération des producteurs laitiers européens (EMB) avancent un montant de 40 centimes le litre pour que leurs coûts de production soient couverts. En parallèle, les prix sur les étalages n’ont pourtant pas diminués. Entre fin 2007 et la mi-2009, les prix n’ont connu qu’une baisse de seulement 2 %. En plus de cela, les plafonds de production seront augmentés de 1 % chaque année selon les gouvernements européens, et ce jusqu’en 2013, alors que le secteur lait connaît une surproduction.

Pour faire face au problème, le ministre français de l’Agriculture Bruno Le Maire propose la possibilité de prêts bancaires à remboursement différé d’une valeur de 250 millions d’euros aux producteurs. Cela leur permettrait de panser en quelque sorte leur manque à gagner. Il va assister en outre à un conseil extraordinaire entre ministres européens début Octobre pour trouver une solution européenne à la crise. La Commission a quant à elle suggéré une facilité des aides à la reconversion des producteurs en rachetant des quotas. Elle a revu à la hausse le plafond des aides publiques autorisées et donné son accord pour des prix déterminés au niveau national entre producteurs et industriels. Pour quelques 19 pays européens tels que la France et l’Allemagne, cette mesure n’est pas suffisante. L’EMB reste du même avis. Apparemment, la fin de la crise du lait n’est pas prêt à sortir le bout de son nez.