Assurance-vie : vers une baisse des rendements ?

Christian Noyer, président de l’ACPR, organisme faisant office de gendarme de l’assurance et de la banque, a réitéré dernièrement sa demande aux assureurs afin que ceux-ci modèrent un peu les rendements des contrats d’assurance-vie. Les souscripteurs doivent donc s’attendre à une baisse de la rémunération de leur placement à partir de 2015.

Une conjoncture inédite

L’ACPR voudrait en effet que les assurances et les banques se réservent une partie des rendements de l’assurance-vie au cours de l’année, au lieu de les redistribuer immédiatement aux affiliés. Cette institution vise essentiellement à ce que le secteur soit mieux sécurisé, les fluctuations du marché étant imprévisibles. La conjoncture incite à l’extrême prudence, les années qui viennent pourraient s’avérer difficiles pour l’assurance-vie.

Pour cette année 2014, cet organisme a constaté une forte augmentation de la collecte de l’assurance-vie qui atteint déjà 17,4 milliards d’euros. Pourtant, les marchés sur lesquels cette épargne doit être placée affichent des taux qui sont à leur plus bas niveau historique. A titre d’exemple, pour un investissement obligataire de l’Etat français à 10 ans, le taux ne dépasse même pas 1,20%. De même, les rendements des sous-jacents aux fonds en euros ne cessent de s’amenuiser d’année en année.

Prévoir des réserves

L’assurance-vie affiche encore une bonne capacité de résistance face à ce contexte. Grâce aux rendements plus élevés des investissements effectués dans le passé par les compagnies d’assurance, les souscripteurs ont pu bénéficier d’une rémunération moyenne de 2,8% en 2013. Toutefois, selon les analystes, cette situation ne s’éternisera pas. Ils tablent sur une baisse significative de la rentabilité des contrats d’assurance-vie dans les prochaines années, notamment pour ceux qui sont adossés sur les fonds en euros.

Dans le cas où la rémunération de l’assurance-vie descendrait à un niveau trop bas, les épargnants pourraient être déçus et se tourner vers d’autres systèmes de placement plus lucratifs, surtout si le taux du Livret A serait plus attractif. Nombreux sont ceux qui pourraient mettre terme à leurs contrats. Les compagnies d’assurance doivent éviter ce risque et se préparer dès maintenant à faire face à un éventuel rebondissement des taux d’intérêt. De ce fait, le président de l’ACPR leur recommande vivement de faire des réserves dans le but de préserver un niveau de rendement intéressant pour les souscripteurs.